Guyana, le pays oublié

Il existe un pays oublié de tous, un pays que l’on ne sait nommer, un pays que l’on ne sait placer. « The land of many water », c’est au fil de l’eau que je vous emmène dans des régions les plus reculées de ce pays unique, mariage riche et incertain d’eau, de forêts, de cultures, et de légendes qui résonnent encore dans les profondeurs des marécages, malgré les appels tourmentés d’un modernisme intrusif qui frappe à la porte de toutes ses forces.

2011, Co-operative Republic of Guyana.


Le Guyana: depuis les tumultes de la ville jusqu’aux brumes des marécages, vous y serez partout accueillis par les enfants, grouillants, riants, jouants. Leurs cris vous guiderons aisément en ce territoire oublié de tous.


Toute la zone côtière du Guyana est occupée par une immense forêt marécageuse. Venise verte de l’Amazonie, des savanes immergées aux cathédrales de mangrove on s’y déplace essentiellement en bateau.


En foret, les villages amérindiens sont en fait un ensemble de maisons et cabanes dispersées sur d’immenses territoires. Ne sont aisément visibles que les bâtiments principaux: école, case de santé, salle commune, et parfois une ou deux habitations provisoires.


Les déplacements dans le « bush » sont délicats et doit tenir compte de l’influence des marées. Les pirogues naviguent parfois dans quelques cm d’eau. Mais sans embarcations il est difficile et dangereux de se déplacer dans ce mélange profond et instable d’eau et de matière organique.


Les chutes du Kaiteur sont l’une des plus impressionnantes chutes d’eau d’Amérique du sud. Hautes de 226 mètres et très isolées dans le territoire, elles sont aussi un sanctuaire de biodiversité.


La gestion des déchets est l’un des principaux problèmes environnementaux du pays. Sans réelle politique de gestion, mais aussi en raison d’un certain désintéressement de la population, ces déchets, principalement des emballages, jonchent en très grandes quantités les bords des routes, fossés, plages, et même certaines zones de forêt marécageuse. La mer, en ayant emmagasiné une quantité phénoménale, rejette quotidiennement plusieurs tonnes de ces déchets non dégradables sur les côtes Guyaniennes.


Les ponts se font rares, et nombres de traversées passent encore par des plate-formes flottantes motorisées.


Malgré l’état déplorables de la route, les chauffeurs traversants le pays d’est en ouest conduisent à très vive allure plus de 20h sans repos. Le danger et la fatigue ne les empêchent pas de boire au volant, ici une vodka généreusement partagée avec les clients.


Le Guyana est l’un des pays les moins densément peuplés du monde. Sa forêt primaire est encore relativement bien préservée des activités humaines, même si cette tendance tend à s’inverser rapidement. Pour le moment, il s’agit encore d’un des réservoirs de biodiversité les moins affectés au monde. De nombreuses espèces restent à découvrir dans cette région très peu explorée du continent sud-américain.


De minuscules bébés colibris appellent leurs parents.


La richesse faunistique du pays en a également fait une plaque tournante de la contrebande d’animaux. Perroquets, paresseux, anacondas, singes… les espèces localement menacées par ce commerce sont nombreuses. Certaines mafias n’hésitent pas à traverser la frontière Vénézuelienne pour alimenter leur commerce. De manière générale, la contrebande (essence, or, pierres précieuses, drogues, animaux, nourriture) est la colonne vertébrale économique des zones frontalières reculées.


La diversité ethnique et le métissage sont en progression dans le pays. Les principales ethnies amérindiennes, indiennes, et noires africaines se côtoient tant bien que mal. Si certains métissages sont parfois tabous, ils n’en restent pas moins répandus.


La cueillette du coeur de palmier est l’une des activités principales des communautés amérindiennes installées en forêt marécageuse. Purs produits sauvages forestiers, ils seront revendus ou échangés contre des denrées alimentaires.


Ces coeurs de palmiers sont régulièrement rachetés par des compagnies qui en feront la transformation, puis l’exportation.


Le président guyanien Donald Ramotar goûte aux produits de la forêt lors de l’évènement annuel « Guyexpo ».


La pêche fait également partie des activités traditionnelles amérindiennes. Ces poissons nommés « bush fishs » sont capables de survivre et se reproduire dans les marécages.


Les ibis rouges, nombreux dans le pays, savent aussi se régaler des produits qu’offre le marécage.


Un vieil homme, ne pouvant plus travailler aux champs, s’est reconvertit dans la confection de paniers.


Préparation de galettes à base de farine de manioc.


Ce bébé singe-écureuil est tombé de sa mère lors d’une chasse au singe. Revendu aux mafias locales puis exportés partout dans le monde, un animal sauvage payé quelques dollars aux amérindiens pourra se revendre plusieurs milliers de dollars à l’étranger. Les enjeux de ce commerce sont nombreux: catastrophe écologique pour certains, enrichissement financier illicite important pour d’autres, il s’agit aussi d’une faible source de revenu dont les communautés les plus isolées auraient pourtant bien du mal à se passer.


Soumis à un climat très instable, le Guyana est une région extrêmement pluvieuse. Ce climat peut donner lieu à des scènes impressionnantes vues d’avion.


Nombreux sont les habitants à avoir domestiqué des perroquets. Intelligents et affectueux, ils sont l’un des emblèmes de la famille amérindienne.


La fourmi « accouchi » s’attaque aux feuillages les plus tendres, provocant parfois d’énormes dégâts dans les cultures.


Un taxi à l’arrêt attend ses futurs clients.


Coucher de soleil sur la forêt attendant ses habits de nuit pour démarrer un nouveau cycle, rythmé cette fois par les chants des oiseaux nocturnes et crapauds en mal d’amour. Une belles harmonie que même le cris morbide des singes hurleurs ne saurait perturber.

Sylvain Fillos.