Togo 4 – MARTINE A LA FERME

5 juillet 2009

J’habite en semaine un petit village non loin de Kpalimé, environ 20 minutes en moto. Son nom est Agripatodzi, qui s’écrit aussi Agripatodji, le plus difficile est de se mettre d’accord, mais ici tout le monde s’en fiche. Nous vivons avec Armony en parfaite… entente avec la famille qui nous héberge. Il s’agit en fait de Dada Agbavito la Grand-mère de Selom, l’une de ses tantes, une cousine, quelques enfants, des tisseurs de pagne traditionnel employés par un frère, et sûrement tout un tas d’autres personnes que je n’ai pas en mémoire à l’instant présent ou dont je ne connais pas l’origine familiale, même s’il est certain qu’ils en possèdent bel et bien une. Ils sont tous vaillants. Zieute les photos par-ci par-là, j’ai bien dû en placer quelques unes pour te donner idée de notre résidence. Bon il y a aussi des poules et leurs poussins, des chèvres qui son décidément partout, des moutons, et tout un tas de bestioles qui ont oublié leur nom. La zoophilie ne s’étant pas installée au pays, ils ne font pas vraiment partie de la famille. Mais les Togolais, accueillants même avec les animaux, les nourrissent et les loges en échange d’un service qu’ils leur rendront plus tard, probablement un jour où il fera faim.
Martine n’a rien inventé du tout. Le coup du petit agneau tout gentil qui suit maîtresse et fait quelques gaffes rigolotes, le coup de la poule qui élève ses poussins avec amour, le coup de la chèvre qui attend qu’on lui ouvre la porte et se laisse caresser, le coup des animaux nourris à la main en communion avec tout ce qui les entoure, ben tout ces coups là sont ici routine, paysage, décor. Aller rhabille toi Martine ! Et brosse toi au passage.
Me voilà donc chez Martine à la ferme, la vraie, prononcez Dada Agbavito, au milieu d’une grande famille, d’un grand village, d’un grand peuple, sur un grand continent. Et moi, ici et là, tout petit et tout blanc, je fais ma place.

1 petit et 1 petite de chez Dada

Comme j’ai déjà du le mentionner, il n’y a pas vraiment de technicien agricole. En fait il y en a, mais beaucoup trop peu pour pouvoir se montrer partout où il le faut. Du coup c’est nous qui donnons un coup de pouce. L’objectif est de réaliser un diagnostic du territoire et des pratiques agricoles pour lancer un programme de vulgarisation. Nous faisons ça sur 2 villages, Agripatodzi dans un premier temps, puis Dzedramé. Il nous faut nous fondre dans la population, nous imprégner de leur travail, leur détresse, et de leurs joies afin de nous rapprocher le plus possible de leur vie. Il nous faut aussi nous balader un peu partout et nous immerger dans cette nature hostile et bien méconnue des pieds blancs, et dont les richesses fuient l’homme et le feu. Il nous faut encore affronter la pluie, la chaleur étouffante, les hordes d’enfants, les doléances d’un chef, les miséreux, les arrogants, les malhonnêtes, les heures de pistes impraticables, et enfin le temps.
Si le travail est bien fait nous donnerons naissance à un diagnostic bien portant sur les aspects environnementaux, humains, et agricoles. Mais ce n’est pas tout, nous devons maintenant organiser l’aide aux populations. Il faut donc définir, étudier, détailler tout un tas d’actions, allant du montage d’un système de micro-crédits à la sensibilisation environnementale générale. Ces solutions pour les populations seront montés sous forme de planning et, n’ayant pas nous même le temps de nous pencher sur tout, pour la plupart repris par de futurs stagiaires.

En plein dialogue avec la chefferie de Dzédramé …

… et panorama sur une partie de leur village. Bon je sais c’est un peu petit, mais ici c’est un site internet…

La cascade
Je devrais changer ce titre pour « Les cascades »

Les cascades
Voilà qui est fait. Enfin à ces cascades ! Il me sera bien difficile de ne pas te décevoir devant tant d’attente. Mais jouant de la carotte plus que du bâton, je peux te dire qu’une chute bien plus prodigieuse m’attend bientôt et finira bien par mouiller ici quelques mots.

Tu es maintenant à la ligne d’en dessous, commençons. Je te préviens, je serais bref.
Tu trouveras beaucoup de cascades au Togo, et particulièrement dans la région des plateaux. Ces reliefs n’étant parcourus que par de petits ruisseaux à la destinée incertaine, les chutes sont hautes mais pas spécialement très larges. En revanche la fraicheur qu’elle apporte est bel et bien le 2ème trésor de ces cascades, le 2ème effet Kiss Cool. En effet, pour retrouver ces bijoux cachés, il faut marcher à travers la jungle avec des dénivelés parfois difficiles, sous une chaleur torride. Toi qui connais les secrets de la coke a Cola tu es à même d’entrevoir ceux des cascades du Togo …
Parfois on y croise des adolescents ici pour jouer, certains de ces murs d’eau servent de lieux de culte, et dans tous les cas ils sont l’occasion pour mère nature d’étaler ses talents de créatrice et d’exposer sa végétation luxuriante. C’est pourquoi, ici, les photos prennent le relais des mots (qui sont bien épuisés il faut le dire, et s’essoufflent ainsi que mon inspiration).

Sous la grande cascade d’Agumatsa !

Il n’est pas toujours facile d’en trouver le temps, mais il me reste encore bien des mystères à t’élucider par mon séjour, par exemple ce qu’est le fufu, les mœurs d’une tronçonneuse sauvage, la vie dans mon prochain village de résidence, ou pourquoi pas quelques drames agricoles bien Togolais… mais patience, la précipitation pourrait enrayer ton sourire.

A bientôt Yovo !

Sylvain